On est jamais seulxes. On est jamais seulxes car on existe tousxtes au même moment. La visio-conférence se coupe après des remerciements succincts, la page est fermée et on est encore ensemble sans l’être, on est toujours dans nos cuisines, dans nos salons, dans nos lits, dans nos écoles, dans nos bureaux, dans nos bains. On est toujours dans nos rues, dans nos rivières, dans nos vêtements, dans nos airs, dans nos forêts. On est en nous-même, l’exogène n’existe plus.
Je dis nos pour entourer. Je dis nos pour ce qui est proche de nous. Pas pour la propriété.
Je dis nous pour plusieurs mois, je dis nous pour définir la multiplicité de consciences qui s’agglomèrent et embrasse l’écorce terrestre.
Terrestre, être terre.
Humides, humus, humain. Je pleure sur toi, je mouille en toi.
Nous ne sommes pas seulxes.
Nous ne sommes pas seulxes quand nos outils décident de prendre d’autres canaux, des canaux de flux directs ou moins directs, des canaux usés par le temps, des canaux oubliés, des canaux actuels… Le dialogue est là dans chaque flux. Quel est le plus vieux flux existant? Par quel flux nous laissons-nous traverser ? Je me demande si nous pourrions aussi clairement communiquer par le vent et par les nuages, comme dans ce rêve que j’avais fait, que par les tubes qui sont sous terre.
Combien de gestes ont façonnés nos outils?
Combien de gestes ont façonnés notre langue?
Combien d’humains ont prononcés les mots?
Combien les mots ont-ils traversés de corps?